Les Thamoud et les ‘Ad : les premiers Arabes
La langue arabe, connue pour sa beauté et sa richesse linguistique, présente un défi unique pour les apprenants lorsqu’il s’agit de savoir lire sans voyelles . Contrairement à d’autres langues, l’arabe est souvent écrit sans les voyelles diacritiques, appelées “harakat”, qui indiquent la prononciation précise des mots. Cette absence de voyelles peut rendre la lecture plus difficile pour les débutants, car elle nécessite une compréhension approfondie du contexte et une familiarité avec les racines et les modèles de mots.
Pour surmonter ce défi, plusieurs stratégies peuvent être employées. Tout d’abord, il est essentiel de se familiariser avec les racines et les schémas de conjugaison des mots arabes. En comprenant la structure morphologique des mots, vous pouvez souvent déduire les voyelles manquantes en fonction du contexte et de la forme grammaticale.
En outre, il est utile de se concentrer sur le contexte global du texte. En lisant attentivement les phrases et les paragraphes, vous pouvez souvent deviner le sens des mots même sans les voyelles. La lecture fréquente et la pratique régulière sont également essentielles pour renforcer cette compétence et développer votre capacité à lire l’arabe sans difficulté.
Enfin, l’utilisation de ressources pédagogiques telles que les textes simplifiés, les histoires courtes et les exercices de lecture peut aider à renforcer vos compétences en lecture sans voyelles. Ces ressources fournissent un soutien supplémentaire pour comprendre le contexte et le sens des mots, ce qui est particulièrement bénéfique pour les apprenants débutants.
En conclusion, bien que la lecture de l’arabe sans voyelles puisse représenter un défi pour les apprenants, avec de la pratique, de la patience et une compréhension approfondie de la structure de la langue, il est tout à fait possible de maîtriser cette compétence et de progresser dans la lecture et la compréhension de la langue arabe.
L’origine des lettres de l’alphabet arabe
Pour bien comprendre le rôle que jouent les voyelles courtes dans l’alphabet, il faut tout d’abord s’intéresser à l’origine des lettres arabes.
Il faut savoir que le langue arabe est une langue sémite ou sémitique. Cela signifie qu’elle provient de l’un des fils du Prophète Noûh (que la paix soit sur lui) qui s’appelait Sâm (que l’on écrit avec un accent circonflexe selon les codes phonétiques). Au fil des siècles, la langue arabe s’est répandue dans diverses régions et notamment dans la péninsule arabique.
Des peuples comme celui de Thamoud ou encore de ‘Ad parlaient l’arabe. Le peuple de Thamoud eut comme Prophète Salih (paix d’Allah sur lui). Quant au peuple de ‘Ad, il eut comme Prophète Houd (paix d’Allah sur lui). Tous deux étaient des descendants de Sâm, fils de Noûh.
Voici ci-dessous un exemple de vestige, d’écriture et de hiéroglyphe que l’on attribue au peuple de Thamoud et de ‘Ad.
Les Thamoud et les ‘Ad sont cités dans le Coran
Il faut savoir que ces deux peuples ont été mentionnés plus d’une fois dans le Coran. Par exemple, dans la sourate coranique Al A’râf (sourate Les Murailles), Allah dit, dans une traduction rapprochée du sens du verset :
{Et au [peuple de] Thamoud, [Nous avons envoyé] leur frère Salih qui leur dit : « Ô mon peuple ! N’adorez qu’Allah ! Vous n’avez de Dieu [véritable] que Lui. Une preuve manifeste vous est venue de votre Seigneur. Voici la chamelle d’Allah, elle est un signe pour vous. Laissez-la donc paître sur la terre d’Allah et ne lui faites aucun mal, sinon un châtiment douloureux s’abattra sur vous.}
Dans son Tafsîr, le savant et Imam Ibn Kathîr commente ce verset en disant :
“Les exégètes et généalogistes disent que la tribu des Thamoud ainsi que celle de Tasm faisaient partie des tribus arabes originelles ayant vécu avant Abraham. Le peuple de Thamoud est venu après celui de ‘Ad et leurs habitations sont célèbres entre le Hedjaz et le Shâm jusqu’à Wâd Al-Qoura et ses alentours. Le Messager d’Allah est passé par leur cité et leurs demeures en se rendant à Taboûk, en l’an neuf de l’Hégire.”
Les Thamoud étaient donc de “vrais arabes”. Ils ont totalement disparu aujourd’hui et à part quelques vestiges, nous n’avons plus aucune trace d’eux.
La première écriture arabe retrouvée
La première écriture arabe qui a été retrouvée date du 4ème siècle du calendrier grégorien. Elle fut repérée sur la tombe de “Imrou al-Qays”, un roi parmi les rois de son époque en l’an 328 :
Comme vous pouvez le remarquer, ces symboles n’ont rien à voir avec les lettres de l’alphabet arabe que nous connaissons aujourd’hui. Cette dernière a donc connu des évolutions.
L’alphabet arabe sans les voyelles
Les premières écritures de l’alphabet des consonnes arabes comme nous le connaissons aujourd’hui datent du 6ème siècle. Il faut savoir que ce système d’écriture ne possédait pas de point ni de signe diacritique pour différencier les lettres entre elles (et les sons). Par exemple, il était bien difficile de distinguer des lettres se ressemblant, comme les lettres ب et ت.
Ce n’est que bien plus tard que des points ont été rajoutés afin de faciliter l’apprentissage et la compréhension des textes. Ainsi, les 18 formes de base ont été conservées. Nous avons seulement ajouté sur ou sous certaines d’entre elles des points pour différencier tous les phonèmes existants (les sons). C’est ainsi qu’aujourd’hui, nous comptons 29 lettres arabes.
La lettre envoyée à Hercule
À l’époque du dernier des Messagers et Prophètes, Mouhammad, paix et bénédiction d’Allah sur lui, une lettre a été envoyée à Hercule, alors roi de Rome. On peut d’ailleurs y voir tout en bas à droite le célèbre sceau du Prophète.
Sur cette image, nous reconnaissons facilement les lettres arabes. Tout en haut à droite, nous pouvons deviner par exemple la Basmalah. Cette formule islamique que l’on traduit en français comme suit : “Au Nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.”
La forme des lettres de l’alphabet arabe
Quant à la forme des lettres, certains linguistes ont démontré qu’il existait une relation directe entre les noms des lettres et leur écriture.
L’apparition des voyelles dans l’alphabet arabe
Par ailleurs, trois voyelles sont venues accompagner les consonnes arabes. D’un point de vue phonétique, nous avons pour habitude de les retranscrire ainsi en alphabet latin (prononciation française) : [a], [i] et [ou].
C’est un homme du nom de Abou Al-Aswad Addouali qui proposa pour la première fois à l’époque de Mou’awiya Ibn Abi Soufyân une écriture pour les voyelles. Celles-ci prirent alors la forme de points de couleur rouge que l’on mettait au-dessus ou en dessous de la lettre.
Par exemple, pour la lettre arabe ب, cela donnait ceci :
En ce qui concerne le “soukoun” (son muet), on ne mettait aucun point. Ce système d’écriture vocalique se retrouvait principalement dans le Coran. Il était utilisé pour éviter les erreurs linguistiques et les syllabes mal prononcées. C’est de cette manière et dans cet objectif qu’Abou Al-Aswad Addouali a inventé la première écriture des voyelles dans l‘alphabet arabe.
Puis, il devint nécessaire d’insérer des signes diacritiques pour l’articulation du Tanwin et de la Chaddah. La lecture et la prononciation des voyelles et des consonnes en arabe furent alors moins claires et certains mots devinrent plus difficiles à déchiffrer. Une nouvelle façon d’écrire la langue arabe devait donc être pensée. Et l’initiative d’une nouvelle transcription vint lors de la période Abbasside…
La langue arabe et la période Abbasside
Lors de la période des Abbassides, un homme appelé Al-Khalil Ibn Ahmad Al-Farahidi changea ce système d’écriture en simplifiant la retranscription graphique des voyelles. Désormais, pour le son [a] (voyelle courte), un petit Alif serait inséré au-dessus de la lettre. Pour le son [ou], on insérerait un petit Waw et enfin, pour le son [i], un petit Ya serait présent sous la lettre. Une façon de transcrire inédite et grandement profitable aux lecteurs et locuteurs.
Avec le temps et les années, les graphies de ces trois signes accompagnants les consonnes évoluèrent légèrement et devinrent les voyelles que l’on connaît aujourd’hui et que l’on trouve aussi bien dans le Noble Coran (Saint Coran) que dans certains ouvrages de littérature arabe.
Cependant, de nombreux ouvrages et manuels d’arabe ne contiennent pas ces voyelles. Voici donc quelques conseils utiles et profitables pour vous aider à lire l’arabe sans voyelles.
Comment lire l’arabe sans voyelles ?
Pour lire des syllabes et textes arabes sans voyelles (voyelle longue et voyelle brève), en voyant donc seulement la consonne (lettre arabe), voici quelques conseils adressés aux étudiants et élèves.
Tout d’abord, l’usage d’un bon dictionnaire est fortement recommandé. En effet, celui-ci est le principal allié de tout étudiant en science religieuse et en langue arabe. Orthographe, prononciation de chaque mot (phonologie), graphie exacte, linguistique, variantes… Les dictionnaires sont riches en informations et aident les étudiants pour les prononciations des mots.
De plus, il est vivement conseillé à l’étudiant de lire fréquemment des textes en langue arabe. Voyelles longues, voyelles courtes (voyelles brèves), allongement, prononciation des syllabes… En étant régulièrement confronté aux mots arabes, nous habituons notre œil et notre cerveau à la construction des mots et à leur prononciation (phonème).
Par ailleurs, nous vous recommandons d’apprendre du vocabulaire par cœur. Un mot appris est un mot que l’on reconnaîtra et ainsi, nous pourrons le lire sans problème. Consonne initiale, consonne finale (dernière syllabe), consonnes et voyelles présentes dans le mot… En mémorisant un certain nombre de mots de vocabulaire, vous serez en mesure de les reconnaître plus facilement dans un livre ou dans la bouche de votre locuteur arabophone.
Il est également conseillé d’étudier la science du “sarf” (conjugaison et morphologie des noms et des verbes). Cette matière permet de connaitre les voyelles qui se trouvent en début et en milieu de mot. Une façon d’analyser la structure syllabique des mots arabes et de prononcer les mots correctement en devinant quelles sont les voyelles.
Enfin, il faudra étudier la grammaire car cette dernière permettra de connaitre la voyelle se trouvant en fin de mot. En suivant tous ces conseils, l’étudiant pourra enfin lire des textes arabes non vocalisés, in cha Allah.
Commentaires
Le septembre 27, 2019 à 7:11 am, Drodro a dit :
Bonjour,
Pourriez-vous me dire ce qu'est le "shakl" dont parle Rachid Zerrouki dans cet article:
http://www.slate.fr/story/158137/langue-arabe-beaute
Mot introuvable sur le net.
Merci!
Le octobre 2, 2019 à 8:37 pm, Fakhreddine a dit :
Bonjour,
Il fait allusion aux voyelles courtes de la langue arabe en disant "shakl".
Fraternellement.
Le septembre 22, 2019 à 12:55 pm, rimeh hannachi a dit :
Bonjour,
je viens de découvrir vos védos, et ça m'intéresse beaucoup l'histoire des noms et des formes des lettres, comme les exemples que vous avez donné (H et K), est ce que vous avez des références sur le reste des lettres svp
Le octobre 2, 2019 à 8:38 pm, Fakhreddine a dit :
Bonjour,
Pas facile à trouver, je vais voir ce que je peux faire mais je ne vous garantie rien.
Merci beaucoup pour votre intéressement.
Fraternellement.
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